LOUIS NIEDERMEYER, L’HOMME ET SON ÉPOQUE
UNE CONFIGURATION POLITIQUE EN MUTATION
En 1802, la République helvétique instaurée par le Directoire vivait ses derniers jours. Le système centralisé imposé par la France à ses « républiques sœurs » ne fonctionnait pas. Bonaparte intervint alors, en février 1803, pour imposer son « Acte de Médiation », rétablissant du même coup le système confédéral. C’est ainsi que le « Canton de Vaud » vit le jour. Mais Genève n’était pas encore suisse (entrée dans la Confédération en 1814) et la Haute-Savoie actuelle pas encore définitivement française (plébiscite de 1860).
UNE CONFIGURATION CULTURELLE ET ARTISTIQUE FAVORABLE
Plus brillante était par contre la vie culturelle : Pestalozzi installe son école modèle au château d’Yverdon. On y vient d’Allemagne, de Russie et de Hongrie pour consulter le pédagogue et le philosophe. À Coppet Madame de Staël reçoit gens de lettres et savants, et fonde ce qu’on appelle le « Groupe de Coppet ». En fait aussi partie, dès son retour d’exil en 1802, un certain Charles Victor de Bonstetten qui s’était déjà fait remarquer en sa qualité d’ami des arts et des lettres alors qu’il était bailli de Nyon. N’accueillait-il pas au château de Nyon les intellectuels de l’Europe entière, entre autres le poète Friedrich von Matthisson dont Schubert et Beethoven mirent en musique quelques-uns de ses plus beaux poèmes écrits à Nyon et alentour ? Dans le « cabinet Matthisson » situé à l’extrémité de la galerie du premier étage du château, la possibilité est aujourd’hui offerte aux visiteurs d’entendre des enregistrements de ces Lieder interprétés par les meilleurs chanteurs du moment.
On peut donc légitimement penser que Louis Niedermeyer est né au bon endroit et au bon moment.
Le père de Louis Niedermeyer remarqua très tôt les prédispositions de son fils pour la musique et, comme il était lui-même un peu musicien, il lui donna ses premières leçons de musique. Puis, à l’âge de 16 ans, une fois sa scolarité au Collège de Nyon accomplie, il l’envoya poursuivre sa formation de musicien à Vienne auprès des plus grands maîtres de l’époque, chez I. Moscheles pour le piano et chez E. A. Förster, l’ami de Bethoven, pour la composition. Puis ce sera, à Rome, le chant et la direction de chœurs auprès de Fioravanti, maître de la chapelle pontificale, et enfin, à Naples, la direction d’orchestre chez Zingarelli. C’est là que Louis Niedermeyer fit la connaissance de Rossini – de dix ans son aîné – qui l’aida à faire représenter son premier opéra Il Reo per Amore (Le coupable par amour). Niedermeyer n’avait alors que 18 ans !