HISTORIQUE
De la maison à la villa Niedermeyer
Une ascendance maternelle d’illustres porcelainiers nyonnais
Tout commença en 1779 avec l’arrivée à Nyon du premier faïencier auquel la « Porcelaine de Nyon » dut sa grande renommée : Moïse II Baylon (1736 – 1793). Il était l’arrière petit-fils d’Abram Baylon de Montélimar qui, comme de nombreux huguenots de France, s’était réfugié en Suisse romande lors de la révocation de l’Édit de Nantes (1685).
Moïse II Baylon acquit une grande propriété sur la route de Lausanne au bord du lac (à l’emplacement de l’actuelle Villa du Port) au-delà du pont de la Tuillerie qui franchit le petit cours d’eau nommé L’Asse (plan cadastral de 1808). Il y établit ses ateliers dans les locaux d’une grande maison qui sera appelée par la suite « Maison Niedermeyer » (gravure ci-dessous) et y construisit un four et un moulin à broyer les couleurs. Des peintres renommés, tel Etienne Liotard, semblent avoir apporté leur contribution aux décors et paysages des porcelaines sorties de cette manufacture.
Cependant, Moïse II Baylon se heurta tôt à la concurrence d’un faïencier berlinois du nom de Dortu qui avait installé sa propre manufacture non loin de là en 1781. En tout état de cause, le Bailli de Nyon von Bonstetten ne cachait pas sa prédilection pour la production de Baylon : « zu Nyon nun zwo Fabriken der Terre angloise sind, davon die des fayenciers Baylon besonders schön ist »(lettre du 1er décembre 1790 à leurs Excellences de Berne).
Moïse II avait un fils, Albert (1775 – 1803), faïencier lui aussi, et une fille, Charlotte, qui épousa Georges-Michel, baron de Niedermeyer (1767 – 1829). À la mort de la veuve d’Albert en 1814, le couple Niedermeyer reprit la manufacture. Il s’associa avec le peintre sur porcelaine Pierre Mülhauser, pour continuer l’exploitation de la maison familiale. Celle-ci passa, à la mort de Georges-Michel Niedermeyer (1829), à une société composée de MM. Fol et Lugeon, deux faïenciers de Genève ; ceux-ci abandonnèrent la fabrication en 1841. La porcelainerie Niedermeyer représentée sur la gravure ci-dessus – mais aussi sur l’aquarelle de Mülhauser – fut démolie peu après.